Histoire de Sète

Devenez incollables sur l'histoire de la Ville de Sète en regardant le nouvel épisode de la série dédiée à ses 350 ans !

Aujourd'hui, tout sur le mont Saint-Clair... Avec la Société d'Études Historiques et Scientifiques de Sète et sa Région

1804-1814 : l’Empire est contre Sète.

1804-1814 : l’Empire contre Sète.

Napoléon Bonaparte, La France, Empereur

Le 2 décembre 1804, Napoléon Bonaparte se couronnait empereur des Français. Il n’est pas nécessaire d’être "bonapartolâtre" pour s’en souvenir et évoquer cette époque où notre ville connut bien des déboires au point d’être entravée dans son développement.

La population de la ville baisse entre 1805 et 1811 alors que la conjoncture économique est bonne et que Montpellier voit sa population légèrement croître. À Sète, le nombre d’habitants passe de 9 329 à 8 327. La ville connaît des crises démographiques avec de fortes mortalités entre 1804 et 1807 et des chutes de natalité entra 1800 et 1813. Sète, dans la main de l’autocratie parisienne et de l’autoritarisme local de Mathieu Grangent, ne vit pas paisiblement. Le peuple sétois se distingue par son « immoralité ». Dans et hors la ville sévit le brigandage. Sont dénoncés vols et viols. Officiellement interdits, les jeux de hasard sont partout. Parfois, la foule s’en prend aux soldats pour protéger déserteurs et réfractaires. Car la paix d’Amiens, en 1802, ne fut qu’une parenthèse dans la vie agitée de l’Empire.

La guerre reprit avec l’Angleterre dès 1803, puis Napoléon dut faire face à trois coalitions européennes successives (1805, 1806 et 1809) et allait embourber ses troupes en Espagne. La conscription est de plus en plus mal supportée, surtout après 1808 quand Napoléon fait appel aux hommes des contingents antérieurs. À Sète, les déserteurs se réfugient souvent aux Salins où la maréchaussée ne peut entrer et ils y subsistent modestement.

La ville s’oppose d’autant plus à l’ordre impérial que sévissent chômage et pauvreté. La survie du port semble remise en question. Depuis 1792, le port s’est ensablé. Le canal n’offre plus que 50cm de tirant d’eau et la passe n’atteint pas 3 mètres. Les jetées, ruinées, ne protègent guère de la forte mer. Des dragages ramèneront la passe à 6 mètres mais engloutiront le produit des taxes portuaires sur le vin, l’alcool ou le blé. Sous l’Empire, le port périclite : on ne peut plus importer de Xérès et de Porto depuis que la marine anglaise règne sur la Méditerranée (Trafalgar, 1805).

Le port d’Agde devient un concurrent sérieux, abrité par l’Hérault, avec de bonnes communications avec l’intérieur. Même la pêche est incertaine du fait des corsaires qui attaquent à proximité de la côte et interdisent la très lucrative pêche au thon. Les Anglais s’efforcent de couper toute communication avec l’Espagne et d’incendier les bateaux dans le port. Sète recueillera les restes de l’escorte d’un convoi après la bataille navale des Aresquiers (octobre 1809) entre les forces du contre-amiral Baudin et celles de l’amiral lord Collingwood.

En septembre 1808, puis en juin 1809, Sète et son port sont bombardés de fusées incendiaires. Allait-on revoir les tuniques rouges à Saint Clair comme en 1710 ? Face à cette menace, les Sétois réagiront en armant des navires pour la guerre de course. Armés par la compagnie Ratyé-Bresson, quatre corsaires sétois, Comtesse Émeriau, Général Cosmas, Comtesse Montebello, naufragé en 1812 et Décidé se distingueront.

Leurs prises offriront à la ville de bons dédommagements. Ce bref coup d’œil sur les misères du temps peut nous faire comprendre pourquoi les Sétois restèrent indifférents à la « gloire » napoléonienne. Ils souhaitaient d’abord du travail, vivre en paix. Aussi, en 1816, Sète passait pour royaliste et le maire Ratyé fut bombardé « chevalier de La Peyrade » tandis que le roi lui-même octroyait un blason à sa « bonne ville ».

Les Sétois qui n’avaient pas accepté le régime napoléonien allaient-ils se laisser séduire par le repos de la monarchie ? C’est une autre histoire…

Hervé Le Blanche

Sète avant la Grande Guerre.

Sète avant la Grande Guerre.

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Les faits rapportés dans "Jours de Cette" s'étalent sur 20 ans (1893-1913). L'ouvrage (éd. L'An Demain, 5 quai d'Alger), écrit par François Mottier et illustré par Jean Brunelin, évoque par le biais de la correspondance d'un commis suisse et de sa mère ce qui a fait longtemps l'identité de Sète, ainsi que l'écho des grands évènements.

 

C'était au temps (avril 1897) où, en promenade sur le mont Saint Clair, on pouvait croiser un "M. Valéry", fonctionnaire à Paris, qui faisait paraître des poèmes dans la Revue Maritime Marseillaise. C'était le temps (novembre 1896) où se montait, rue de l'Esplanade (actuelle rue général de Gaulle), le cinématographe Demeny. On s'y divertissait tout en jugeant que "ce procédé d'images animées...n'ait qu'un avenir forain". Car les distractions, à Cette, ce sont des nouveautés, comme la mise en service des lignes de tramways électriques (janvier 1901) qui remportent auprès du public "un colossal succès". Ils émerveillent et flattent la fierté cettoise. On peut se rendre des Halles à La Peyrade et du môle à la Corniche ! Et puis bien sûr, il y a les fêtes : au Carnaval et à la Saint Louis. Celle-ci n'est pas évoquée comme fête votive le 17 août 1898, mais comme l'occasion de la parade de la "très célèbre Société mixte de gymnastique et de tir la Cettoise", pour la fête de la Fédération des Sociétés de Gymnastique. Là, suivant le correspondant, "Cette s'étourdissait de gaieté et de musique". Les joutes et la Saint Louis sont (un peu indirectement) mentionnées lors de l'évocation du personnage du "Mouton", le jouteur légendaire Louis Vaillé.

 

Si la Saint Louis était le moment de la communion des cœurs des Cettois, la ville était aussi remuée par les courants politiques et sociaux de l'époque. En mars 1896, on manifeste contre l'augmentation du prix du pain. En mai 1901, les transporteurs font grève et parcourent la ville en cortège. Mais aussi, grande émotion chez les habitants de la ville-port : en juin 1894, Jeronimo Caserio, un lombard de 21 ans mitron à la boulangerie Viala au quai d'Alger, poignarde à Lyon le président de la République Sadi Carnot. Soupçonnant des complicités à Sète, la police enquête. Viala est inquiété, 21 personnes sont interrogées.

Et dans la presse, on juge bon de désavouer le geste "repoussé avec horreur et indignation". Autre épisode politique marquant, la venue de Jaurès le 3 juillet 1898 pour plaider la cause du capitaine Dreyfus. L'attitude d'un journaliste est telle que le natif de Clarens est prêt de perdre son sang froid. Et puis, c'était au temps où l'escadre de la Méditerranée faisait escale à Sète. La France se voulait grande puissance maritime pour soutenir son effort de rayonnement dans le monde. Ainsi, la France est présente en Extrême-Orient et en août 1900, l'aspirant Herber trouve la mort en défendant les légations occidentales à Pékin.

 C'était au temps où on exaltait la conquête de l'Ouest et où les Anglais guerroyaient au Transvaal. Et, Venisette ou petit Menton, on accueillait des touristes à Cette où la lumière était toujours aussi belle.

Hervé Le Blanche.

Sette 1786, port dans l'enfance ?

Voilier, Bateau, Mer, Océan, Naviguer

C'est ce qu'affirme le subdélégué Jean Matthieu Grangent dans son rapport à l'Intendant en 1786. Il évoque les causes de l' "engourdissement du commerce de Sette", tout en décrivant le trafic du port. Celui-ci n'est pas dépourvu d'activités, mais plus centrées sur la Méditerranée.

Et le notable de Sette étaye sa démonstration : le port a plus de cent ans d'existence, "il a dans son voisinage les villes de Montpellier et de Nîmes qui sont aussi riches que commerçantes". L'agglomération ne regroupe que 8 000 habitants alors que le port est "pour ainsi dire le seul de la province de Languedoc". JM Grangent force le trait car son évocation du port de Sette passe aussi par le rôle de la ville rivale, Agde. Il déplore que le canal de Riquet se termine à Agde. Il y revient plusieurs fois dans son rapport. Car, pour gagner Sette, il faut affronter l'étang de Thau et ses forts coups de vent. Et la "ville noire" (Agde), malgré les défauts de son site (ensablement de la "rivière", barre à l'estuaire), est une vraie concurrente pour Sette.

C'est en grande partie par ce port que s'exportent les grains du Haut Languedoc (Aude, Tarn, Tarn et Garonne) en direction de la Provence (qui crie souvent famine) ou du Levant. Selon JM Grangent, Sette n'en exporte qu'une partie, ainsi que des grains du Languedoc quand les circonstances s'y prêtent. De plus : "on embarque préférablement au dit Sette, les grains et légumes venant du côté de la Bourgogne, du Lyonnois, du Vivarais et des Cévennes lorsque les récoltes abondantes dans ces cantons permettent qu'il en soit fait alors des envois à l'étranger".

Sette devait être, dans l'esprit de ses créateurs, "l'épanchoir des produits de la province". Et c'est l'échec majeur de la ville-port. Certes, en 1786, elle exporte de la petite lingerie : bonnets, mouchoirs, bas. Au milieu du siècle, l'empire espagnol sembla s'ouvrir aux bas de soie languedociens. On voyait déjà ce produit habillant les classes aisées de Rio à Mexico. Les aléas de la politique en décidèrent autrement. Mais, en ce qui concerne la draperie, jusqu'après la Révolution, Sette se heurtera au monopole de Marseille dans le commerce avec le Levant. Le produit des manufactures languedociennes et du travail paysan d'hiver ne s'exportera pas par Sette.00

Par contre, le port, pour alimenter l'industrie textile, importe de grandes quantités "de laines, coton et teinture", à côté des "drogueries et épiceries" (poivre, cannelle de Hollande), huiles d'Italie avec le tabac de Virginie pour la manufacture de Sette. Le port exporte les produits agricoles de la province : légumes, huile, amandes et même ce qui pose parfois problème, des grains. Tout cela, en plus du commerce du sel et du vin, entretient toute une activité de cabotage de l'Espagne à l'Italie. Selon le subdélégué, 800 petits navires s'activent à ce trafic. Ainsi, compte tenu des ambitions initiales, Sette stagnait.

Pourtant, une certaine expansion était maintenue par des activités plus modestes. Au total, à la fin du XVIIIè siècle, Sette exporte plus qu'elle n'importe et gagne en moyenne plus de 100 habitants par an.

Hervé Le Blanche

.Fin XVIIIè, Sette devient port du vin.

Hervé Le Blanche

Les vaisseaux fantômes de Sette.

En juillet-août 1793, la France révolutionnaire devait faire face à de nombreux périls. L'un d'eux était le manque de grains, pouvant engendrer disette et famine. "Sette" en était menacée, malgré les secours extérieurs et le rôle du port.

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L'examen des délibérations municipales de l'été 1793 nuance fortement les affirmations de l'Histoire de Sète (Privat 1986), selon lesquelles Sète ne manqua jamais de grains pendant la Révolution. Le port permettait sans doute d'approvisionner un "vaste hinterland méridional allant du piémont pyrénéen à l'Auvergne et au Dauphiné" (p.151). L'incontestable sérieux de l'ouvrage ne permet pas de douter de cette affirmation. Mais les Sétois, eux, étaient apparemment très mal servis par ce flux commercial. Le 15 juillet 1793, les documents municipaux notent que "la municipalité a été souvent dans des transes affreuses"..."nous avons été sur le point, la semaine dernière, de manquer totalement de pain" et le 16 juillet, il est noté la difficulté d'approvisionnement en grains dont cette ville est sur le point de manquer. Le 26 juillet, "pas de bleds au marché de Béziers". De même le 5 août, constatent les boulangers qui se sont déplacés en personne.

 Le 9 août, le scribe municipal consigne "le manque total de grains et farines". Pourtant, l'agglomération avait reçu de l'aide du département prise sur le fonds des "bleds nationaux". Mais la ville mettait ses espoirs dans le port qui commerçait avec Gênes. Certes, il fallait "payer les cargaisons des neutres" soit en vins, soit en numéraire. Cela rendait le blé fort cher, mais éloignait le spectre de la famine. Au début d'août 1793, on attendait l'arrivée de deux navires génois chargés de grains.

Or, ces vaisseaux étaient retenus à Marseille depuis plus de deux mois. Et les producteurs du département refusent de livrer leurs récoltes au demeurant fort réduites. L'année avait été mauvaise, la soudure difficile. Les Sétois en appellent au tribunal de commerce de Marseille. Cette instance rend son verdict : les cargaisons sont déclarées libres. Mais, arguent les Marseillais, elles risquent d'être saisies par les navires ennemis. Et puis, on manque aussi de blé à Marseille. La ville veut garder les grains et offre de payer leur valeur.

 Bien embarrassés, les édiles sétois écrivirent au ministre de la guerre. On ne sait ce que celui-ci décida, mais, décidément, face aux difficultés concrètes, ils paraissaient bien irréels ces navires génois.

Hervé Le Blanche.

Il y a 350 ans : Septembre 1673, les privilèges de Cette.

Septembre 1673 : les privilèges de Cette.

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Argent, Pièces De Monnaie, Taxes

L'arrêt du Conseil du roi du 30 septembre 1673 fait pratiquement de Cette une ville franche. Le port et la ville sont exemptés des impôts ordinaires et les futurs habitants pourront "s'assembler et dresser des articles concernant les statuts et privilèges qu'ils désireront leur être accordés", en clair, s'organiser comme ils le voudront. Malgré les oppositions, cette situation perdurera jusqu'à la fin du XVIIIè siècle (1770).

 

Alors que la construction du môle avance péniblement, la monarchie s'efforce d'attirer la main d’œuvre et dans ce but, le roi accorde "à toutes personnes de quelle qualité qu'elle soit de bâtir et de construire des maisons suivant les alignements qui seront marqués par le sieur de la Feuille, commis par sa Majesté à l'inspection des dits ouvrages". Concession importante du pouvoir royal : les futurs Sétois sont exemptés de la taille, impôt royal sur les terrains et les maisons. Et puis, l'on pense à l'avenir en tentant d'attirer une population nouvelle prête à contribuer à l'expansion du commerce. Ainsi, les futurs commerçants pourront "vendre et débiter librement" grains, vins et autres marchandises, "tenir magazins et boutiques sans qu'ils soient tenus de payer...aucun péage, leudes et subsides, ny autres droits que ceux accoutumés d'être payés fait sa Majesté deffences à toutes personnes d'y en établir nouvellement aucuns à peine de concussion". L'autonomie municipale s'établit, semble-t-il, sans difficultés. Aux délégués de l'évêque, comte d'Agde et seigneur de Sète, succèdent, en 1685 à la tête de la communauté, consuls et conseil de ville. Mais l'immunité fiscale de Sète sera contestée.

 

Et d'abord par l'évêque d'Agde, Monseigneur Fouquet. Il veut lever le droit de franc-fief : la perception de droits pour toute mutation sur une terre noble acquise par un roturier. L'Ile de Sète, argue l'évêque, exempte de taille, n'est-elle pas terre noble ? Les Sétois en appellent au Conseil du roi et rappellent que, depuis le Moyen-Age, les habitants de l'Ile ont payé les cens et canons emphytéotiques auprès des évêques d'Agde. Or, qui dit cens, dit terre roturière non soumise au franc-fief. Et l'arrêt du 12 octobre 1675 confirme les Sétois dans leurs droits. Mais, dès l'année suivante, le prélat agathois entend lever le droit de "courretage" appliqué aux marchandises vendues et achetés à Sète, en particuliers les grains et le vin.

Et, après une requête au Conseil du roi, l'arrêt du 21 août 1676 défend à l'évêque d'Agde de réclamer le droit de courretage. En outre, les Sétois avaient dû faire face aux prétentions des états du Languedoc dont l'impôt de l'équivalent (sur la viande, le poisson frais et salé et le vin) est la principale ressource. Cette, communauté de la province de Languedoc, ne doit-elle pas contribuer au bien commun ? Le roi ne l'entend pas de cette

 

oreille : le 29 mars 1671, l'arrêt du Conseil confirme le privilège sétois d'exemption fiscale.

 

Car, dès septembre 1673, songeant au développement du commerce du port, Louis XIV affirmait "vouloir contribuer de tout ce qui dépendra de son autorité" afin d'attirer "un nombre considérable d'habitans et leur en procurer tout ce qui peut rendre le séjour libre et agréable".

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Le dernier volet du "premier port de Cette" : Point d'argent… Courants, vagues et tempêtes ont eu raison des deux môles d'Henri IV

Point d'argent…

 

On ne sait si le prévôt d'Augier fut remboursé des avances qu'il avait faites pour l'avancement des travaux du port commencé près de l'actuelle anse du Lazaret. On connaît l'état du port en 1605, mais il semble bien qu'il soit resté dans cet état faute de travaux postérieurs. Toute l'entreprise a été abandonnée quand les fonds vinrent à manquer.

 

Les Etats du Languedoc restaient insensibles à tous les arguments des représentants de la couronne. Ils refusèrent d'avancer aucune somme, même quand on sollicita d'eux une subvention pour une année. Ils craignaient d'être entraînés dans l'engrenage du renouvellement de cette subvention. Ainsi le gouverneur avait-il procédé pour édifier le port de Brescou et cela avait coûté cher à la province. Afin de faire le point sur le montant des dépenses faites, par lettres patentes données à Paris le 17 janvier 1604, le roi donna mission aux Trésoriers généraux de France en la généralité de Montpellier de procéder à la visite du port de Cette et du fort de Montmorencette. Un des Trésoriers de France, Miles Marion, fut spécialement chargé de ce soin. Il s'entoura de de conseillers et deux catégories d'experts furent choisies. Un premier groupe de 17 personnes comprenait les patrons de navires "les plus entendus" des petits ports voisins, d'Agde à Frontignan. Ils étaient chargés de vérifier et constater l'importance des travaux exécutés. Un second groupe composé de notables était chargé d'estimer la dépense faite.

 

Le 17 février 1605 commença la vérification des travaux. Il fut constaté que, presque parallèle à la plage, le grand môle ne se trouvait "en sa perfection" que sur les deux tiers de sa longueur : sur 25 mètres, la construction n'arrivait qu'à fleur d'eau. L'autre jetée, ou petit môle "qui est joignant le grand mol et assiz du costé du vent droit", mesurait 54 mètres de long et ne s'élevait que de 2,25 m au dessus de l'eau (pour 3,60 m pour la partie achevée du grand môle).

Les deux jetées présentent une largeur considérable (30,35 m pour le grand môle contre 25,15 m pour le petit môle). Les deux jetées auraient-elles pu servir d'entrepôt, s'interroge Emile Bonnet. Quoi qu'il en soit, ce début de port a démontré son utilité. Il est profond (5 mètres) et a pu accueillir une galère du duc de Savoie venu s'abriter de la tempête.

Par mauvais temps, il a pu abriter 10 à 15 gros vaisseaux. Mais il a déjà coûté cher. Les notables calculent que d'après le cubage de pierre extrait, on peut estimer le nombre de charrois, de journées de travail. Le grand môle a coûté, d'après les calculs, 62 937 livres pour la partie achevée, 16 380 livres pour la partie à fleur d'eau. La construction du petit môle a coûté 43 680 livres.

 

Au total, d'Augier et ses équipes ont dépensé 123 997 livres. On est loin, souligne A. Degage, des 30 000 livres sollicitées par Henri IV auprès des Etats en 1602. Et faute d'argent, les travaux restèrent en l'état. Courants, vagues et tempêtes ont eu raison des deux môles d'Henri IV. Point d'argent, point de suisse.

 

 

HERVE LE BLANCHE

.Bateau, Natrure, Voiles, Autumn Nature

Vitalité protestante au milieu du XIXè siècle, à Sète

Dans les années 1860-1880, la communauté protestante à Sète connaît un apogée. Un groupe de 480 familles, 6 % de la population de la ville. Active, dynamique, elle est même agitée de querelles doctrinales, parfois à l'arrière plan de ses œuvres comme l'établissement de bains de mer pour les malades indigents.

 

abcopCaptureJ.C. Gaussent (BSESS XIX-X 1986) situe l'apogée de la communauté protestante pour le XIXè siècle de 1866 à 1885. En nombre, elle est passée depuis 1802 de 780 à 2 300 personnes. Outre le groupe des marchands-négociants, elle recrute dans les milieux populaires (tonneliers) et, le port diversifiant ses activités, "vers 1870, les employés du gaz ou du chemin de fer comptent autant que les tonneliers". G. Frisch est courtier maritime, Julien père et fils raffinent le soufre et "le fils du pasteur Cazelles fait le commerce du bois". Mais le domaine de la pêche et de l'armement restent étrangers à la communauté réformée. Il fallut subventions et souscriptions pour reconstruire le temple qui datait de 1832. Quand tous les comptes furent apurés, lors de l'inauguration du 1er août 1878, une douzaine de pasteurs refusent de se joindre à leurs collègues, arguant du devoir de leur charge ou de la chaleur estivale. Ces refus sont le fait de divergences théologiques. Face aux Evangéliques dogmatiques, diffuse, depuis Sète, une doctrine plus "libérale" qui touche Nîmes, Montpellier, Le Vigan. Au total, 400 personnes, dont une centaine à Sète.

 

L'idéologie de ce groupe est impulsée par la fille d'un négociant allemand Hinsch qui épouse M. Armengaud, négociant. Les adeptes prônent une forme de mysticisme où la foi inspirée par l'esprit saint doit l'emporter sur tout autre valeur. Et la doctrine diffuse dans le groupe négociant, appuyée sur une œuvre ancienne (1847) : l'Etablissement des Bains de mer pour les Malades indigents à Sète.

 

Dans l'opuscule publié par les éditions Lacour en 2013 (malheureusement sans nom d'auteur), est présenté le rapport d'activité pour l'année 1861. Le bilan chiffré est précédé d'une déclaration d'intention du secrétaire trésorier Edouard Krüger, pasteur évangélique. Et dans cette homélie, on retrouve l'écho des thèses "hinschistes" : l'importance de la foi sans laquelle les auteurs de bonnes actions ne sont "qu'un airain qui résonne, une cymbale qui retentit".

La foi inspirant la charité qui "espère tout, supporte tout". Et, comme les corps, on soigne les âmes : assistance au culte, prières, diffusion du Nouveau Testament. A l’œuvre des bains de mer pour indigents, on poursuit des buts humanitaires et religieux.

 

Et le groupe prospère. En 1861, il peut investir dans l'achat de 100 lits de fer. Les résultats des cures, comme du prosélytisme, ne sont pas spectaculaires. Mais le pasteur Krüger pense qu'avec le temps s'effectue, "dans l'ombre", le travail de l'âme.

Hervé Le Blanche

Le prévôt d'Augier fut chargé par le connétable de Montmorency de concrétiser les projets d'Henri IV "au cap de Cette"

Pierre d'Augier de Bagnols, noble de robe et officier de justice, est celui qui fut chargé par le connétable de Montmorency de concrétiser les projets d'Henri IV "au cap de Cette". Il se dévoua à sa mission dont l'échec ne peut lui être imputé. En hommage à son action, aujourd'hui, une rue de Sète porte son nom. Elle relie en droite ligne le jardin de la Pierrerie au lieu-dit "Jardin des fleurs".

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Pierre d'Augier avait la haute direction des travaux ordonnés par le roi. Il avait sous ses ordres 2 officiers. L'un, Claude Jonet, puis Marc Martin, veillait à l'emploi des fonds pour la construction du port. L'autre, successivement Simon d'Alméras (1598), Marc de Martin (1599) et César Jonet (1600-1603) était chargé du contrôle général. Il avait l'obligation de résider à Cette. Au dessus d'eux se trouvait un surveillant des travaux ou "subrestan".

 

C'est l'ingénieur Jean Donnat Pitou, associé au sieur Emmanuel Desturbe, qui assurait la partie technique. C'est lui qui avait fait la meilleure offre pour la réalisation des travaux. Une sorte d'état-major veillait donc au travail des "trassaïres" (carriers), chargeurs et déchargeurs et des charretiers qui amenaient les blocs de pierre à pied d’œuvre. Pierre d'Augier, en quelque sorte le maître d’œuvre, consacra à ces travaux tout son temps, ses soins et son argent. Il négligea la charge de prévôt général du Languedoc, au point de cesser ses chevauchées à travers la province destinées à poursuivre "malfaiteurs et indésirables". Il s'en expliquera devant les états du Languedoc réunis à Pézenas. Et il allait même engager dans l'entreprise sa fortune personnelle.

 

En effet, à la suite du refus des états du Languedoc de participer au financement du projet royal en 1596, les fonds étaient fournis par une fraction de l'impôt sur le sel et par un impôt de 2 % sur les marchandises empruntant les graus de Frontignan et Maguelone. Et l'affaire va son train. En 1601, Pierre d'Augier assure que le port "est en bon état". Mais il fallut à nouveau solliciter les états du Languedoc : la fraction de l'impôt sur le sel avait été incorporée à la gabelle et l'impôt de 2 % était réduit de moitié. Le duc de Vantadour, représentant le connétable et gouverneur du Languedoc Montmorency, plaide par deux fois devant les états à Pézenas fin 1602. En vain. L'assemblée ne soutient pas le projet du roi et c'est à ce dernier de financer les travaux. Les fonds manquant, Pierre d'Augier emprunte sur son nom propre, engageant sa fortune personnelle en garantie de l'emprunt. Selon Degage (Histoire de Sète, Privat, 1987), la conduite des travaux ne peut que s'en ressentir : en 1603, une vingtaine d'ouvriers travaille à l'avancement du chantier des môles pendant 7 mois. Malgré certains progrès, d'Augier finit par se lasser et demande le remboursement des sommes avancées.

 

On peut méditer sur la nature du pouvoir royal à la fin du XVIè siècle, son degré d'autorité, ses faiblesses et le dévouement qu'il pouvait inspirer à certaines élites. Le cas du prévôt d'Augier était-il exceptionnel ?

 

Hervé Le Blanche

Le destin tragique d'Henri II de Montmorency.

Avec ce personnage (1595-1632) s'éteint la branche aînée des Montmorency, une des plus grandes familles de France fin XVIè,-début XVIIè siècles. Héritier des privilèges de sa caste (Henri IV est son parrain), le fils du connétable Henri 1er (1534-1614) lui succéda comme gouverneur du Languedoc. Amiral de France, de Bretagne, de Guyenne, du Languedoc, il prit au sérieux les obligations de sa charge. Mais, fort de ses succès, il se rebella contre l'action étatique incarnée par Richelieu.

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De sa conduite, on trouve des échos dans l'histoire de Sète. En effet, le fort de Montmorencette ne semble pas avoir disposé d'une garde importante. "Pirates et gens sans aveu" trouvaient refuge dans la forêt de Saint Clair. Et puis, en 1621 eut lieu un épisode qui donna peut-être l'éveil à celui qui s'efforçait, depuis 1612, de faire de l'Amirauté un instrument efficace. Le 3 août 1621 donc, près des restes du port d'Henri IV, mouille un navire hollandais de 8 canons. Son capitaine, trois soldats et un interprète hèlent un pêcheur pour s'enquérir du lieu où ils ont abordé.

Le pêcheur comprend qu'ils sont de la Religion (réformée), leur affirme que le gouverneur de Sète en fait également partie et qu'il peut les mettre en relation avec un personnage important du royaume. Le gouverneur d'Espinaud (qui a succédé à d'Augier) retient les envoyés à dîner et fait alerter Montmorency. Celui-ci accourt de sa résidence de Pézenas, capture les Hollandais et saisit la cargaison du navire : rien moins qu'armes et munitions suffisantes pour armer 12 000 hommes. Sont trouvées des adresses aux églises protestantes de Montpellier, Aigues-Mortes, Nîmes et plusieurs villages insoumis.

 Est-ce cet évènement qui décida Montmorency ou bien le souci de l'ordre du gouverneur du Languedoc ? Toujours est-il qu'il fit abattre la forêt multiséculaire de Saint Clair. Ainsi la colline ne pouvait plus servir de refuge aux hors la loi ou aux ennemis du royaume. Par ailleurs, Henri II de Montmorency était passionné de Marine. L'Amiral se montra actif, entreprenant, novateur dans son action. En 1624, il fait créer un conseil de Marine dont l'action s'étend au commerce au long cours vers la Nouvelle France. En 1625, lors du siège de La Rochelle, il bat les Protestants au large de cette ville.

Mais Richelieu cherchait à dégager l'action publique de l'emprise féodale. Il pousse Montmorency à la démission de sa charge d'Amiral, avec tout de même une compensation de 1 200 000 livres ! Celui dont un ancêtre était "compère" de François 1er n'a-t-il pas supporté de voir son pouvoir diminué ? De fait, il se joint à la révolte du frère du roi, Gaston d'Orléans, contre Richelieu. Il est soutenu par les Etats du Languedoc, plusieurs évêques, des villes. Le 22 juillet 1632, à Pézenas, le représentant du roi est arrêté.

 

La sécession du Languedoc sera courte. Le 1er septembre 1632, les troupes rebelles sont dispersées près de Castelnaudary. Henri II de Montmorency a été décapité à Toulouse. Et Montmorencette fut démantelée comme toutes ses autres forteresses. Ainsi prenait corps l’État moderne.

 

Hervé Le Blanche

La Ville de Sète commémore sa libération

C’est sous un soleil de plomb, dès 9h du matin, que de nombreux officiels de l’Etat et d’associations d’anciens combattants ont répondu à l’appel et se sont rassemblés au pied du Rose Roc, monument aux martyrs de la résistance et de la déportation sur la promenade Maréchal Leclerc, ce mercredi 23 août 2023.

Cette date marque le 79e anniversaire de la libération de la ville de Sète, le 23 août 1944, au sortir de la seconde guerre mondiale. Sous l’œil immuable de la sculpture, connue sous le nom du décapsuleur, et de la flamme au souvenir, allumée pour l’occasion, François Commeinhes et ses adjoints Blandine Authié et Francis Hernandez, étaient aux côtés de huit porte-drapeaux pour rendre hommage aux morts et disparus du conflit et entonner le chant des partisans.

Le maire de la Ville, les associations d’anciens combattants, ADIRP (Association de Déportés Internés Résistants et Patriotes), le Souvenir Français, l’ARAC (Association Républicaine des Anciens Combattants), ULAC, et les représentants des collectivités départementales et régionales ont ensuite, tour à tour, déposer des gerbes devant la flamme, face à la mer. Dans son discours de commémoration, François Commeinhes a évoqué la peur ambiante de Sète occupée à partir de novembre 1942. “Les couvre-feux, les humiliations, la mort, les témoignages de cette époque sont rares dans notre Ville, mais à la libération, les garnisons allemandes se replient en détruisant une partie de la Ville, dont les vestiges ressurgissent encore aujourd’hui. Ce mot “libération” reste chargé d’amertume et de cendres. Je supplie nos enfants de demeurer fidèles à l’idéal de liberté, d’égalité et de fraternité.”

Une deuxième cérémonie commémorative s’est ensuite déroulée à la gare de Sète, en mémoire des cheminots morts pour la France.