Histoire de Sète

Cette en 1913 : la Belle Epoque ?

C'est la question que l'on peut se poser en feuilletant le Livret guide illustré édité par la Société pour la défense des intérêts de Cette à cette date. En effet, ce livret du syndicat d'initiative de l'époque évoque, à travers les publicités, le commerce, les industries, les loisirs de milieux aisés du port languedocien.

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Les membres du conseil de la "Société pour la défense des intérêts de Cette" sont onze. Deux seulement, E. Sottano imprimeur et Scemmama de Gialuli docteur, ne sont pas négociants. Certains ont fourni de la publicité au bulletin, comme François Olive spécialiste en apéritifs et même vins fins (Malaga, Madère, Marsala, Grenache, Banyuls, Porto, Xérès). Ainsi a procédé aussi Charles Barillon (5 quai d'Alger) qui s'adonne au même type de commerce. Et le secrétaire de la Société est César Souchon qui commerce "vins d'Algérie, d'Espagne, d'Italie." Au total, selon l'Histoire de Sète (Privat, 1988), 123 établissements font commerce du vin avant 1914.

On peut se demander si le commerce des "vins fins" est toujours florissant, compte tenu des tarifs douaniers. Mais, les sociétés cettoises fréquentent toujours les ports espagnols et italiens car elles vendent alors futailles, engrais et produits chimiques. Le président honoraire de la "Société pour la défense des intérêts de Cette" est M. Erasme Simonnot qui œuvre dans une activité induite par la viticulture, les "Produits et Engrais chimiques". La Compagnie Simonnot produit des soufres (nécessaires pour lutter contre l'oïdium) et du sulfate de cuivre (pour traiter d'autres parasites de la vigne). Et la Compagnie exporte des charbons de Carmeaux et de La Grand Combe.

 Deux autres établissements livrent des produits chimiques à l'agriculture : une annexe de la Société Saint Gobain et la Société Bordelaise de Produits chimiques. Mais il est une autre activité de Cette qu'induit le commerce du vin : la tonnellerie. Cette en est le centre le plus important au monde. Cela trouve un écho dans les publicités. Dans les établissements Rouane et fils, boulevard des Casernes, on fabrique et on loue des futailles. De même chez Ferdinand Petit qui achète le bois à Odessa, ou, 13 quai d'Alger, dans la société de Mme Veuve Bony. Le mouvement des affaires fait que, outre la Banque de France, cinq établissements bancaires sont installés en ville.

Et qui dit affaires dit négociations, rencontres et aussi loisirs.

Pour cela, il y a le Grand Café (7 quai de Bosc), le Café de la Plage avec vue sur la mer et d'où l'on peut faire des excursions en bateau. Et le Terminus Hôtel ! Il offre de "vraies chambres Touring-Club", des baignoires, une "véranda-estaminet", un salon de lecture et une bibliothèque. Et pour les Nemrods en puissance, l'"Arquebusier", J. Piasio (13 bis quai de Bosc), offre "munitions de chasse ou de tir" !

 

C'est là la face brillante de la ville-port. Ne figurent dans le tableau ni les ouvriers des industries chimiques, ni les portefaix et charretiers du port, ni les employés des salins. Où est le peuple de la tonnellerie ? Connaissaient-ils une "époque belle" ?

Hervé Le Blanche

Photographie HLB : "le dôme de l'immeuble de l'Hôtel Terminus."

Daviler, le Parisien de Montpellier.

Daviler, le Parisien de Montpellier.

 

hvhvCaptureL'église Saint Louis est un des rares monument classique de Sète. Elle a été érigée à la limite du Quartier Haut, dans l'espace compris entre la rue des Trois Journées (ex rue St Louis) et la rue Villaret-Joyeuse (ex rue St Charles). Elle fut construite de 1699 à 1703 sur les plans d'Augustin, Charles Daviler (d'Aviler) – 1653-1701 – dont la destinée fut brève (il meurt à Montpellier à 48 ans), mais singulière.

 

Il naquit à Paris dans une famille de petite noblesse de robe. Grâce à l'honnête aisance de sa famille, Augustin Charles suivit des études classiques et les cours de l'Académie d'architecture. Elève prometteur, il fut envoyé parfaire sa formation à Rome, à l'Académie de France.

Parti de Marseille à destination de Gênes, son navire fut intercepté par les barbaresques et il resta captif deux ans (1674-1676) à Alger puis à Tunis. Libéré, il gagna Rome et le palais Cafarelli où étudiaient peintres, sculpteurs, architectes. Il y acquit rigueur et précision, connaissance des œuvres classiques comme des auteurs anciens. De retour en France après le 2ème prix au concours d'architecture, il fut remarqué par Jules Hardouin Mansard, le plus influent membre de l'Académie qui lui ouvre les portes de l'Agence des bâtiments du roi.

C'est l'époque du mécénat louisquatorzien (Trianon, Marly, Versailles). Mais c'est en Languedoc que Daviler fera carrière, marquant la province d'une empreinte classique et royale.

 

On ne connaît pas les circonstances dans lesquelles les Etats du Languedoc lui confient la réalisation de son premier monument monarchique, la porte "en façon d'arc de triomphe" du Peyrou à Montpellier.*

 

Il n'a pas 40 ans et sa personnalité peut s'épanouir en Languedoc. Formé auprès des meilleurs, ayant fréquenté Versailles, cultivé, homme de goût, il est apprécié des élites. C'est dans ce milieu qu'il rencontrera celle qui sera sa femme. Côté métier, il était l'auteur d'un cours d'architecture qui s'imposa comme référence. Il maîtrisait les techniques de construction les plus évoluées et, affirme T. Verdier (Saint Denis de Montpellier Genèse et évolution d'une paroisse, éd. de L'Espérou, 2008), "évaluait avec précision les coûts de construction, dissertait sur les devis et savait diriger un chantier en homme de métier". Aussi, architecte de la ville de Montpellier en 1692, des États du Languedoc en 1693, il œuvra dans toute la province : "Il offrit au Languedoc sa parure d'églises, de châteaux, de fontaines, d'hôtels de ville, de palais épiscopaux, de monuments publics, de places, de maisons…"

 

Et c'est à Augustin Charles d'Aviler, le bâtisseur, que l'Intendant Basville confie la construction de l'église destinée à remplacer la chapelle édifiée par Riquet lorsque les consuls de Cette lui en font la demande. Belle occasion pour Basville de magnifier l'action royale dans le port créé sous le Grand roi.

Les murailles de Sète.

Les murailles de Sète.

 

 Sète est sans doute une ville récente à l’échelle de l’Histoire de la province et du pays (le môle a été commencé en 1666) mais certains monuments, quelque peu périphériques, témoignent d’un passé parfois agité. Le fort Saint-Pierre (actuel théâtre Jean Vilar) et le fort Richelieu (dominant le quartier haut, siège du sémaphore) rappellent une époque où notre cité était menacée de l’extérieur.

 

Dans les années 1710, Sète est une bourgade, nommée parfois « village », d’environ 1800 habitants où l’espace habité est parsemé de cours et jardins, de vignes, d’écuries, de poulaillers.

L’hôpital est logé dans une simple maison d’une pièce, comme les écoles. L’église Saint-Louis, à peine achevée, n’est pas encore pourvue de perron. Les édiles n’ont pas encore acheté l’hôtel de ville. Une vingtaine de maisons longent le canal, au delà de notre « premier pont » ; à l’époque, un pont de bois relie la ville à la route de Montpellier. Cinq maisons dont une auberge font face à l’agglomération. Pourtant, Cette doit être le débouché de la province du Languedoc et le second port du royaume en Méditerranée, après Marseille. L’importance de la ville à venir est pressentie aussi par les ennemis du royaume. Pendant la guerre de succession d’Espagne (1710-1713), alors qu’en Espagne et sur la frontière nord de la France s’étripent Français, Anglais, Hollandais et Impériaux, la flotte britannique tente un coup de main sur le Languedoc.

Débarqués par la flotte de l’amiral Norris, 1500 hommes se rendent maîtres de Cette pendant trois jours, du 25 au 28 juillet 1710. La descente anglaise traumatisa durablement la province. La monarchie mobilisa un de ses grands commis, Antoine Niquet (1641 ?-1726), ingénieur du roi et directeur des fortifications du Languedoc.

Sous son impulsion, le fort Saint-Louis (au delà de la partie coudée du môle) complète son armement, triple la capacité de ses casernes en 1711. Au dessus de l’anse du Lazaret, on dresse une batterie semi circulaire à deux bastions, la Butte ronde, dont les 6 canons doivent prévenir toute action hostile. Rien ne reste aujourd’hui des autres fortifications de la ville, enserrée dans des murets de pierre sèche baptisés « murailles ».

Des murailles, des murs de fortification, des vrais, surgiront après 1743 quand un nouveau conflit, sous Louis XV, opposera la France et l’Angleterre (guerre de succession d’Autriche). Le Languedoc paraît bien démuni. Les protestants des Cévennes acceptent mal l’ordre royal. On fait alors appel à un autre ingénieur royal, Jacques-Philippe Mareschal, nommé en 1739, à 50 ans, Ingénieur des fortifications de Provence et Languedoc. Il est connu aussi comme directeur des travaux publics des Etats du Languedoc ; on lui doit la Fontaine de Nîmes. A Sète, selon M. Catarina, il fera ériger, reprenant les plans de Niquet, les forts Saint-Pierre et Richelieu en trois ans (1743-1746).

 

Le fort Saint-Pierre, ancré sur la falaise, « à 48 pieds » au dessus de la mer, aligne 7 batteries sur deux étages en épousant le terrain. Il protège la ville à l’Est et « soutient puissamment » le fort Saint-Louis. Au Nord, sur un replat dominant la ville et la rade, le fort Richelieu sort de terre : 6 batteries surveillent le port, une la « montagne ». Comme au fort Saint-Pierre, on y stocke poudre et boulets. Il en a coûté 50 000 livres aux Etats du Languedoc, ce qui n’est pas énorme pour une place militaire ; Neufhusach, en Alsace, a coûté 2 millions de livres. Au total, en 1746, Sète dispose de 52 canons. A Saint-Clair, deux soldats et un matelot assurent la veille.

Les œuvres de Niquet, « le plus habile ingénieur que notre siècle ayt produit », et de Mareschal sont visibles de nos jours.

Elles sont le témoin d’époques troublées et aussi du savoir faire des « Ingénieurs du Roy » qui possédaient les règles de la guerre et jugeaient de la valeur militaire d’un site, mais avaient aussi le goût du monumental, le souci de solidité, du « bel ouvrage ». Deux siècles plus tard, la belle élévation et la géométrie stricte des murs des bastions est là pour en témoigner.

 

Hervé Le Blanche

Noël Guignon, le maire républicain.

En 1870-1871, il n'y eut pas à Sète d'insurrection armée comme à Paris quand la Commune prit le pouvoir. Néanmoins, le contre coup de la défaite du Second Empire agita la vie politique sétoise. Noël Guignon, conseiller municipal d'origine populaire, fut porté au premier plan. Il incarna les préoccupations politiques de son temps.

 

Le nom de Noël Guignon n'est pas inconnu des Sétois, surtout depuis l'implantation des arrêts de bus urbains et départementaux. Il est vrai que ces haltes sont sises au quai "Noël Guignon", ce quai délimité par le pont de la Civette et la darse de La Peyrade où siégeait autrefois la Chambre de commerce. Officiellement, le quai Noël Guignon va de la rue Honoré Euzet au quai Rhin et Danube bordant la dite darse. Le personnage n'avait rien d'un notable. Il était un des sept enfants d'un menuisier de Rouen qui, ayant épousé une Cettoise, s'était établi rue du Palais. Né en 1839, Noël Guignon fit son chemin dans la vie et devint tailleur de pierre. Sous le règne de Napoléon III, il s'est mis au service des idéaux de la Grande Révolution. Puis, il commence une carrière politique. Il devient conseiller d'arrondissement en battant un M. Domeyron, docteur en médecine. En août 1870, il devient membre du conseil municipal. Or, depuis juillet, la France est en guerre avec la Prusse, appuyée par les états allemands. Sans alliés, mal préparée, l'armée impériale subit défaites sur défaites. Et le 2 septembre, Sedan capitule, l'Empereur est prisonnier.

 

Le 4 septembre, à Paris, la République est proclamée. A Sète, le 5 septembre, la foule chasse le conseil municipal, installe une commission pour gérer les affaires en cours. Noël Guignon est acclamé comme maire. Et il va s'impliquer dans la nouvelle phase de la guerre. En effet, à Paris, le gouvernement de la Défense Nationale continue la lutte. Une délégation, à Tours où siège Gambetta, anime le sursaut national et républicain. Gambetta envisage de secourir Paris, assiégé par les Prussiens. Des armées doivent converger vers la capitale depuis le nord, la Bourgogne et surtout l'ouest, vers la Loire et Orléans.

(Illustration Pixabay)

A Sète, Noël Guignon lance un emprunt pour soutenir l'effort de Défense Nationale. Puis, capitaine de la Garde Nationale, il rejoint l'armée du Nord. Celle-ci, défaite, bat en retraite. Noël Guignon rentrera à Sète après l'armistice signé le 28 janvier 1871. Il sera à nouveau maire en 1871, en pleine période de "l'Ordre moral" en France. Mais il sera écarté du pouvoir la même année, après s'être interposé dans une échauffourée où l'on avait crié "A bas Badinguet !" (surnom de l'Empereur). Il est condamné à 3 ans de prison et 5 années de privation des droits civiques.

 

Conseiller municipal de 1878 à 1881, il peut observer l'enracinement du régime républicain. Il ne revint plus au premier plan. Il mourut en 1910 et, en 1912, la ville donna son nom à un des quais du canal. Il avait su incarner un grand mouvement populaire.

La piété active du curé Gaffino.

Henri Gaffino fut curé de Saint Louis de 1857 à sa mort en 1899. Son action à Sète a contribué à modeler le visage de la ville. Il a incarné les idées de son époque par sa dévotion à la Vierge Marie et, au moment où l'église catholique comptait dans la société, il a mené une vigoureuse action dans le siècle.

 

hvhvCaptureCelui qui a tant marqué, à Sète, l'avant première guerre mondiale était originaire de Haute-Loire, d'un petit village à une trentaine de kilomètres du Puy-en-Velay. Son père était percepteur du canton. Il commença son cursus au petit séminaire du Puy et, à 14 ans, au petit séminaire de Saint-Pons (Hérault). C'est en 1841 que s'affirme sa vocation religieuse et il entre au grand séminaire de Montpellier où il restera jusqu'en 1845. il poursuit sa formation à Rome, au séminaire de Saint Louis des Français. En 1848, reçu docteur en théologie, ordonné prêtre, il fut aumônier de l'armée d'occupation à Rome. Il ne rentrera en France qu'en 1852 après des pèlerinages aux lieux saints du Levant et à des sanctuaires en Italie. Il manifeste son esprit d'entreprise lors de son premier ministère à Saint-Nazaire de Ladarès. Il y fait édifier une très belle église paroissiale et y restera jusqu'en 1857 quand il fut nommé curé de Saint Louis à Sète. On sait peu qu'il fut à l'origine de l'école Saint Joseph. On sait mieux qu'il initia le culte de Notre Dame de la Salette (1864) à Saint Clair et qu'on lui doit la statue de la Vierge qui couronne, depuis 1869, le clocher de l'église Saint Louis.

 

Henri Gaffino donnait corps aux croyances de son temps et en particulier au culte marial qui se développait en France depuis les années 1840. En effet, les apparitions de la Vierge étaient plus fréquentes. l’Église en reconnut quelques unes, dont La Salette (1840), Lourdes (1858), Pontmain (1871). C'est en 1854 que Pie IX proclama le dogme de l'Immaculée Conception.

Cette dévotion à la Vierge était portée par l'évêque du diocèse de Montpellier, Mgr de Cabrières depuis 1874.

Marie était son second prénom (G. Cholvy, Mgr de Cabrières, Cerf, 2007) et dans sa jeunesse, chaque été, il faisait un pèlerinage à Notre Dame de Rochefort du Gard.

Dans une lettre à son clergé du 2 juillet 1904, il expliquera la naissance de cette piété particulière par la présence, en collège, d'une statue de Marie à qui il ne manquait pas d'offrir des fleurs ou dédier des prières. Jeune prêtre (secrétaire de Mgr Plantier), il avait rencontré Bernadette Soubirous à Lourdes et avait été frappé par son accent de sincérité. Monseigneur de Cabrières multiplia les gestes symboliques et les initiatives en faveur du culte marial. "Les processions du 15 août à Montpellier revêtirent un caractère de solennité générale dès la première année de son épiscopat".

 

Telles étaient les formes de piété développées dans le diocèse de Montpellier et qui ont pu inspirer le curé Gaffino. De fait, il déploya à "Cette" cet esprit d'entreprise qui avait marqué les débuts de son sacerdoce, malgré les difficultés de l'époque.

Hervé Le Blanche

Photo HLB

Noël Guignon, le maire républicain.

En 1870-1871, il n'y eut pas à Sète d'insurrection armée comme à Paris quand la Commune prit le pouvoir. Néanmoins, le contre coup de la défaite du Second Empire agita la vie politique sétoise. Noël Guignon, conseiller municipal d'origine populaire, fut porté au premier plan. Il incarna les préoccupations politiques de son temps.

 

Le nom de Noël Guignon n'est pas inconnu des Sétois, surtout depuis l'implantation des arrêts de bus urbains et départementaux. Il est vrai que ces haltes sont sises au quai "Noël Guignon", ce quai délimité par le pont de la Civette et la darse de La Peyrade où siégeait autrefois la Chambre de commerce. Officiellement, le quai Noël Guignon va de la rue Honoré Euzet au quai Rhin et Danube bordant la dite darse. Le personnage n'avait rien d'un notable. Il était un des sept enfants d'un menuisier de Rouen qui, ayant épousé une Cettoise, s'était établi rue du Palais. Né en 1839, Noël Guignon fit son chemin dans la vie et devint tailleur de pierre. Sous le règne de Napoléon III, il s'est mis au service des idéaux de la Grande Révolution. Puis, il commence une carrière politique. Il devient conseiller d'arrondissement en battant un M. Domeyron, docteur en médecine. En août 1870, il devient membre du conseil municipal. Or, depuis juillet, la France est en guerre avec la Prusse, appuyée par les états allemands. Sans alliés, mal préparée, l'armée impériale subit défaites sur défaites. Et le 2 septembre, Sedan capitule, l'Empereur est prisonnier.

 

Le 4 septembre, à Paris, la République est proclamée. A Sète, le 5 septembre, la foule chasse le conseil municipal, installe une commission pour gérer les affaires en cours. Noël Guignon est acclamé comme maire. Et il va s'impliquer dans la nouvelle phase de la guerre. En effet, à Paris, le gouvernement de la Défense Nationale continue la lutte. Une délégation, à Tours où siège Gambetta, anime le sursaut national et républicain. Gambetta envisage de secourir Paris, assiégé par les Prussiens. Des armées doivent converger vers la capitale depuis le nord, la Bourgogne et surtout l'ouest, vers la Loire et Orléans.

(Illustration Pixabay)

A Sète, Noël Guignon lance un emprunt pour soutenir l'effort de Défense Nationale. Puis, capitaine de la Garde Nationale, il rejoint l'armée du Nord. Celle-ci, défaite, bat en retraite. Noël Guignon rentrera à Sète après l'armistice signé le 28 janvier 1871. Il sera à nouveau maire en 1871, en pleine période de "l'Ordre moral" en France. Mais il sera écarté du pouvoir la même année, après s'être interposé dans une échauffourée où l'on avait crié "A bas Badinguet !" (surnom de l'Empereur). Il est condamné à 3 ans de prison et 5 années de privation des droits civiques.

 

Conseiller municipal de 1878 à 1881, il peut observer l'enracinement du régime républicain. Il ne revint plus au premier plan. Il mourut en 1910 et, en 1912, la ville donna son nom à un des quais du canal. Il avait su incarner un grand mouvement populaire.

Les régates du bicentenaire.

Depuis 1864, la pratique de la course à la voile était associée à la vie locale et les régates avaient leur place dans les grandes festivités lors de la Saint Louis. Chaque année, à de rares exceptions près, les compétitions étaient présentes parmi les nombreuses animations présentées lors des trois jours de fête. Ce fut le cas lors des fêtes du bicentenaire de la ville, en 1866.

 

Elles furent célébrées en présence de foules nombreuses. Le journal Le Messager du Midi affirme que 12 000 personnes étaient venues de l'extérieur par le chemin de fer (la ville comptait près de 25 000 habitants). Dans la rade, était présente une division de l'escadre de Méditerranée. Tous les navires étaient pavoisés. Hautbois et musique du 17ème de ligne égayaient la foule. Le 26 août, la ville s'éveilla au son des cloches et des salves d'artillerie. Avant les réjouissances profanes, les autorités, les corps constitués et les consuls des puissances étrangères assistèrent à la messe à l'église Saint Louis.

Et puis, commencèrent les jeux : la course au capelet et les joutes. Le vainqueur fut félicité par le sénateur Chevalier, ainsi que par M. le préfet en personne. Le lendemain, sous un ciel maussade, un cortège historique partit de la rue des Casernes vers l'Esplanade où s'élevait une colonne commémorative. Ce fut alors le temps de l'éloquence. M. le maire de Cette prononça un discours évoquant la fondation du port, Louis XIV, Saint Louis, Colbert et...Napoléon III. Un conseiller municipal, M. Eugène Vivares et le docteur Roux déclamèrent des poèmes à la gloire de la cité. Il était même question, pour ce médecin lettré, "d'envahir l'espace illimité" !

 

Le soir, le temps s'étant gâté, il fallut reporter la fête vénitienne (parade, sur le canal, de nacelles ornées de lanternes) et le feu d'artifice. Les régates furent remises au dimanche suivant. C'est le 2 septembre, à deux heures, que le canon de l'aviso Le Passe-partout annonça le début de la course. Une aussière était tendue de "la pointe Richelieu" (où est aujourd'hui le pilotage) à une gabarre située à la moitié du môle. Au signal, on abaissait le câble et les embarcations hissaient leurs voiles. Les 17 bateaux-boeufs engagés manœuvrèrent avec une certaine confusion. Les mourres de porc et les catalanes s'élancèrent avec ensemble vers le nord-est pour doubler les bouées au large.

Après une heure et demi de course, les régates étaient finies. Le Messager du Midi ne nous indique pas ceux qui s'y étaient distingués. Le même journal, dévoué à l'Empire, s'inquiétera d'une rumeur visant à célébrer la proclamation de la République, le 4 septembre 1870, par des jeux nautiques en remplacement des fêtes de la Saint Louis. Il rend compte du concours d'orphéon, de la fête vénitienne, mais ne signale pas de régates de 1871 à 1873.

 

C'est en 1874 qu'elles reprennent, marquées par un naufrage et le brouillard. La société nautique poursuivra néanmoins son activité, interrompue par la Grande Guerre. Après le premier conflit mondial, les yachtmen seront au rendez-vous.

Hervé Le Blanche

 

Aux origines de la Société nautique de Sète.

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La Société nautique de Sète est un yacht-club plus que centenaire. Elle vit le jour au milieu du XIXè siècle quand, suivant les voies ouvertes outre-Manche, la société regarda différemment les étendues marines et lorsque se développèrent de nouvelles formes de loisirs. Et "Cette" participa largement de ce mouvement.

 

Au Royaume-Uni, c'est au XVIIIè siècle que la mer cesse d'être un espace répulsif, effrayant par ses abysses et les catastrophes qu'il déchaîne. Les classes de loisir (aristocratie, bourgeoisie), après avoir investi les stations thermales, découvrent les plaisirs maritimes. Cette découverte des littoraux a lieu un peu plus tard en France, dans les années 1850-1870. Puis, Manet peindra "la terrasse du Havre" dominant la Manche et parfois des "femmes sur la plage". Et s'il peignit l'aube sur le port de pêche de Boulogne, c'est aussi parce que cette ville était une station balnéaire où il séjournait régulièrement. "Cette" n'était peut-être pas trop anglomane, mais la ville était en accord avec l'air du temps. La Société nautique fut la 7è créée en France, mais elle fut la seconde en Méditerranée et elle participa à la création du Yacht Club de France. C'est une décision du préfet de l'Hérault, en date du 3 juin 1862, qui entérina la constitution de la Société des régates de Cette par une publication au Journal officiel. Sont dévoilés au public les statuts et la liste des activités de cette société. Les buts officiels de la société paraissent ambitieux.

 

On n'avoue pas que le but de la Société est de se livrer à un plaisir sain et sportif, s'adonner à la pratique de la voile. Certes, dans les statuts, il est bien noté qu'un des buts est "d'encourager le goût des exercices nautiques", mais il est aussi question de favoriser "les progrès dans la construction des embarcations", voire "étudier par des explications pratiques les problèmes relatifs à la navigation" (!). Il est vrai que plus d'un siècle plus tard, c'est ce que réalisera Eric Tabarly. A Cette, en 1863,c'est bien ceux qui ont les moyens d'avoir des loisirs qui dominent à la Société. Sur 147 membres, 51 sont négociants : ainsi des deux Comolet, E. Gaffinel, P. et J. Bourgues, G. Caffarel, Chevalier, Torquebiau, Bergeyron. Parmi ces négociants, Allemands et Danois établis à Sète (Francke, Jansen). Se remarquent aussi cinq banquiers, six courtiers, un avocat, un architecte. Deux inscrits seulement sont issus du monde maritime : M. Simon, commandant de l'Ecole navale et M. Albert, capitaine du port. Un petit groupe de sociétaires est de rang plus modeste. Ils sont 15 au total, du constructeur de navire Olive au fils de tapissier, en passant par un employé au chemin de fer.

 

Gageons que tous se sont retrouvés pour les premières régates, le 24 août (jour de la Saint Louis) 1864. Se distinguèrent "Caroline" de l'armateur Senes, "Anna" de M. Chanoine (constructeur de navire), "Issanka" de M. Gautier, le président de la Société. La manifestation en fut pas reconduite en 1865. S'était-on réservé pour 1866, marquant le centenaire de "Cette" ?

 

Hervé Le Blanche

Photo HLB

Cette, 1913 : le destin vinicole de la ville-port.

L'activité économique de Sète, avant la première guerre mondiale, dépend en grande partie du liquide célébré par Dionysos (Bacchus), le vin. Après 1892, le port en est devenu importateur et l'économie de la ville tourne surtout autour de cette activité. Activité qui met la ville en contact avec de lointains pays.

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Selon la brochure du syndicat d'initiative éditée en 1913, 19 pays sont représentés à Sète à cette date. Si nous ignorons quelles affaires pouvaient traiter les représentants de l'Uruguay et du Vénézuela, grâce à l'Histoire de Sète (Privat 1988) nous savons que Sète importait des nitrates du Chili, nécessaire à l'industrie chimique pour l'agriculture. Il est probable que l'on importait des céréales d'Argentine et l'on vendait vin, futailles et produits chimiques au Brésil. Argentine et Brésil sont desservis par la Société générale de Transport maritimes qui leur apporte du charbon anglais et français. Sète exporte les charbons de Carmaux, La Grand Combe, Decazeville.

On envoie aussi au Brésil du sel et probablement les vins liquoreux du Languedoc. Pour la liaison avec les pays d'Asie, il existait les paquebots de la "ligne du tour du monde" par la Compagnie des Chargeurs réunis, représentée à Sète par MM. W. Bazin et E. Laune. Elle desservait Colombo, Bangkok, Saïgon, Haïphong, Tourane. Et la compagnie marseillaise de navigation à vapeur, Fraissinet et Compagnie, desservait Marseille, Nice, la Corse, l'Italie, la Grèce, la Turquie, le Danube et la côte occidentale de l'Afrique.

 

Mais il est des sociétés plus discrètes qui assurent un trafic plus rémunérateur, celui du vin. J. Marmies, succeseur de J. Lavabre, importe toujours du muscat de Samos (malgré les tarifs douaniers de 1892), des vins d'Espagne (malgré le même motif) tels que Malaga, Xerès. Et des vins d'Algérie. Telles sont aussi les activités de la société de César Souchon et celle d'Axel Busk (Sète-Algérie, parallèlement à Sète-Baltique). Car les importations de vins d'Algérie ont pris leur essor depuis les années 1880 et la crise du phylloxera. Elles sont passées, de 65 000 hl en moyenne de 1873 à 1888, à 649 000 hl en moyenne de 1899 à 1914. Grâce à un tarif préférentiel de la Compagnie de chemin de fer du PLM, le vin est revendu en France, en particulier dans la région parisienne. En effet, tandis que le phylloxera détruisait le vignoble, la demande se maintenait. Et le négoce sétois s'est tourné vers l'Algérie, surtout après la mise en place de tarifs douaniers limitant le trafic avec l'Espagne et l'Italie. Les relations se poursuivent avec ces deux pays où, à part du vin, on va chercher du minerai de fer (essai de sidérurgie de Thau par la société Schneider). Plusieurs agences commerciales continuent le commerce du vin, dont celle de Pedro Pi Suñer, 6 quai de Bosc, qui importe Madère, Malaga, muscats.

 

Ainsi, après une reconversion due à l'application de tarifs douaniers protectionnistes, le vin en 1913 contribue à la fortune de Cette. Par son commerce et les activités qu'il peut engendrer qui font de la ville-port une place économique active.

 

Hervé Le Blanche

Activités protestantes du passé de Sète.

 Culte, Protestant, Foi, Dsrp, Église

Illustration

 

Ville du royaume du Roi Très Chrétien, Sète était une terre catholique. Mais les besoins en main d’œuvre et en capitaux de cette "colonie pour le commerce" attirèrent les tenants de la Religion Prétendue Réformée qui y jouèrent un rôle important au moins jusqu'au milieu du XIXè siècle. La communauté s'organise à la fin du XVIII è siècle, traverse la tourmente révolutionnaire et poursuit des activités spirituelles et séculières.

 

Selon le pasteur Corbière dans son opuscule de 1866 relatif à l'Histoire des Réformés à Sète, c'est en 1770 qu'apparaît la première désignation d'une église réformée dans les "Procès Verbaux" des synodes provinciaux. Il est indiqué, au 1er mai de cette année, au colloque de Montpellier, que M. André Bastide était pasteur des églises de Montpellier, Cette et Mauguio. Puis, M. Bétrine desservira exclusivement l'église de Sète. Plus tard, M. Justin s'occupera des églises de Sète, Valmagne et Pignan, assisté de M. Maraval, puis de M. Daniel Encontre à qui "les bons témoignages ont été universellement rendus tant à son talent qu'à son application et à ses mœurs".

Lui succédera M. Julien, puis M. Jacques Vincent. Arguant du délabrement de sa santé, celui-ci demande son congé en 1793. On ne peut que s'étonner, avec le pasteur Corbière, de l'activité de la communauté en pleine tourmente révolutionnaire. Il est vrai, concède le pasteur, que "les vagues de l'agitation politique et sociale durent, pendant quelques temps, couvrir de leur écume et de leur fracas le roc paisible et inébranlable de l'église de Dieu". Dans la région, le culte s'interrompit jusqu'à la fin des années 1790. En 1802, sous le Consulat, le dernier nom de pasteur cité pour Sète est celui de Gachon fils .

 

A cette date, les protestants sont 400 à Sète pour environ 9 000 habitants. Mais ce que ne disent pas les documents cultuels, c'est que nombre de Réformés jouent un rôle important dans la vie économique et sociale de la ville-port. Attirés par les facilités d'installation et les perspectives économiques, arrivent, dès le milieu du XVIIIè siècle, ceux que l'Histoire de Sète (éd. Privat 1986) appelle les "Nordiques". Qu'ils soient luthériens ou calvinistes, profiteront du climat de tolérance à Sète le suisse Jean Kunckler (francisé Councler en 1846), des Danois, des Hollandais (Winthuysen, Verschwer), le suédois Ferber et des Allemands (Flickwier, Hinsch, Kühnholtz, Pihl). Ils font souche à Sète, s'allient aux notables (Grangent, Mercier). Ces marchands très entreprenants confirment les théories webériennes : ils travaillent pour leur salut et à s'enrichir. Ils adhèrent à la loge maçonnique "Les Amis Fidèles des Treize Etats Unis". Sont-ils séduits par les idéaux révolutionnaires ou par un vaste marché potentiel pour les vins ?

 

Le commerce avec l'Amérique du Nord ne prendra pas son essor. Mais ce groupe, présent à la mairie, dans les affaires, chez les notables, traversera la Révolution sans dommages. Ratyé, Flickwier seront maires. Et leurs descendants s'illustreront encore au milieu du XIXè siècle.

Hervé Le Blanche

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